Finnovate Fall 2010, le salon de l’innovation du secteur financier,
qui se tient tous les ans à New York vient de se terminer. Cette année, les « best
of shows » (meilleurs projets présentés) sont revenus à Betterment,
Billshrink, Bundle, Dynamics, oFlows, PayNearMe et SecureKeys.
De tous les lauréats, le plus marquant (et à mon sens le
plus dans l’air du temps) est certainement Betterment. Ce site américain de placement
financier en ligne s’inscrit directement dans la lignée des nouveaux services gamifiés
et sociaux que j’évoquais dans un ancien post.
Les fondateurs de Betterment ont créé ce nouveau service
financier avec l’ambition de concilier la performance (et le risque) des
produits spéculatifs avec la simplicité de l’épargne. Ils le revendiquent eux-même : Betterment doit se voir comme un produit d’épargne plus qu’un
placement. Sauf qu’il n’en est pas vraiment un…
De quoi s’agit-il ? En fait betterment.com permet de manière très simple et
ludique de :
-
Créer un compte gratuitement
-
Importer de l’argent de son compte courant vers son
compte Betterment.
-
Ajuster visuellement, grâce à 2 potentiomètres, le
niveau de risque à associer à son placement, en fonction du niveau de
performance souhaité.
Betterment transforme alors en temps réel le niveau de risque choisi en un assemblage d’obligations
d’état (bons du trésor) et d’actions. Les ordres sont passés, et votre argent investi, immédiatement. C’est aussi simple que cela.
Bien sûr, comme chez Mint, il est possible de comparer son niveau
de risque avec celui de ses pairs (selon sa tranche d’age et/ou sa csp) et d’échanger
avec la communauté Betterment. Il existe aussi une appli iPhone.
Ce qui frappe à première vue c’est la simplicité et le
design de l’interface web. Cela fait réellement penser à un jeu. C'est déstabilisant et on peut se
poser de ce fait au moins 2 questions :
-
Est-ce une arnaque ?
Non. Betterment n’exige
pas de montant minimum pour l’ouverture d’un compte. On peut modifier le niveau
de risque (et donc la composition de son portefeuille) à volonté sans frais, le
site se rémunère en prélevant 0.9% par an du montant investi. Si l’on compare à
un broker en ligne qui retient quelques dollars sur chaque transaction, le
bénéfice est réel dès lors que l’on est un peu « actif ». En revanche
les frais sont plus importants que pour le même type de produit chez Vanguard par exemple, mais
qui s’adresse lui à des utilisateurs plus "experts".
-
N’est-ce pas un peu trop opaque ?
Certainement.
Bien que l’on puisse accéder à la composition détaillée de son portefeuille, on
ne peut pas dire qu’elle apparaisse clairement. La plupart des clients de
Betterment ne regarderont sans doute jamais sur quelles valeurs ils ont investi.
Pour conclure, si d’un point de vue purement
technique Betterment est une réussite (la conception du produit est
aboutie, le design et l’ergonomie du site très étudiés), il n’est peut-être pas à mettre entre toutes
les mains. La stratégie consistant à attirer les "csp moins" sur un produit à risque en
le faisant passer pour un produit d’épargne est à mon sens dangereuse. Elle laisse
en tout cas planer un malaise, pour peu que l’on repense à l’histoire économique
récente.
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