L’Open Data, ou la mise à disposition gratuite des données
publiques provenant de l’Etat ou des collectivités locales, est désormais un
enjeu majeur en passe de créer une nouvelle « bulle » au sein de la
net-économie.
Les gouvernements américains et britanniques ont ouvert la voie en permettant un accès gratuit à un grand nombre d’informations restée
longtemps confidentielles ou inexploitées. Là-bas, les initiatives privées
visant à exploiter ces données publiques sont encouragées à grands renforts de
concours et de subventions. L’intérêt est évident en ces périodes de maîtrise
des dépenses publiques : transférer la réalisation et la gestion de
services « d’utilité publique » au secteur privé.
Une appli iPhone pour suivre le trafic urbain en temps réel,
un site web recensant les travaux de voiries… Autant d’économies réalisées par
les municipalités qui n’auront pas à traiter et diffuser ces informations
auprès de leurs administrés, qui en sont de plus en plus demandeurs.
En France, quelques villes (comme Bordeaux, Rennes ou
Strasbourg) ont ouvert leurs fichiers et encouragé la création de services Open
Data, mais au niveau national l’exploitation gratuite de données publiques à
des fins commerciales fait débat. L’APIE (Agence du Patrimoine Immatériel de l’Etat) parait en effet indécise et évoque
un OpenData « à la carte » et payant, introduisant
une notion de participation financière, quitte à empêcher le développement de
nouveaux services par les petites entreprises ou les particuliers.
Dans cette affaire l’Etat semble vouloir protéger ses données d’un « pillage » par Google, et cherche la formule miracle
(une gratuité limitée aux Jeunes Entreprises Innovantes ? une licence de
type GPL imposant une rétribution en cas d’usage commercial des données ?)
dont on peut craindre au final qu’elle soit surtout hétéroclite, alambiquée et
contraignante.
Ce serait regrettable. Un corset juridico-fiscal pourrait en
effet étouffer l’ OpenData en France, qui devrait pourtant constituer un relai de
croissance formidable dans le domaine de la communication, des services
mobiles, de la géolocalisation, de la typographie, des énergies renouvelables…
Prenons (au hasard) l’exemple des services financiers. Le prometteur Kelquartier.com propose aujourd’hui sous la forme d’un SIG (Système
d’Information Géographique) un puissant outil d’aide à la décision dans le
cadre d’un achat immobilier. Les sites dédiés comme SeLoger pourraient
facilement intégrer ce type de service à leurs moteurs de recherche. Un outil
de gestion de finance personnelle (PFM) qui en fonction de l’adresse de l’utilisateur
prendrait automatiquement en compte le trafic routier, la distance moyenne
domicile-travail ou domicile-école, serait d’autant plus performant et
pertinent. On le voit, les applications possibles ne manquent pas.
C’est en ce moment que tout se joue. On a appris cette semaine qu’Etalab, le portail officiel d’accès aux données publiques nationales, ne devrait pas voir le jour avant fin 2011. Il est donc encore
temps pour les différents acteurs concernés par l’OpenData en France de faire
entendre leur voix. A bon entendeur...
PS : Le Conseil Régional d’Aquitaine à Bordeaux accueillera
le 6 décembre 2010 les premières Assises des données publiques en Aquitaine. J’espère
vous y retrouver !
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